Combien vaut un panda ? Comprendre la valeur économique de l'environnement

La valeur que nous donnons au panda vient à la fois de sa valeur d'usage indirect mais aussi de valeurs de non-usage : valeur d'existence et valeur de leg
Nous savons tous que notre environnement est précieux. Mais cette valeur que nous ressentons intuitivement est difficile à cerner : elle est parfois objective et parfois subjective, elle peut être très utilitaire ou totalement désintéressée, individuelle ou collective...

La plupart d'entre nous accorde, par exemple, une valeur à la préservation des pandas. Mais sauriez-vous expliquer pourquoi ?

Une valeur à multiples facettes


Commençons par le plus simple : de nombreux produits que nous achetons au quotidien (produits agricoles, matières premières, etc.) sont issus de notre environnement. L'environnement peut aussi nous fournir des services : une ballade en forêt vaut bien une séance de cinéma.
Cette valeur-là est facile à saisir parce que ces produits se traduisent par des flux physiques et trouvent leurs places dans notre système économique où ils ont une valeur marchande.

Cependant, les services que nous rend l'environnement n'ont que rarement une valeur marchande : l'air que nous respirons ou la chaleur du soleil sont essentiels à notre survie et à notre confort sans que personne n'en connaisse le prix. Ce sont typiquement des biens publics.

Qu'est-ce qu'un bien public en économie ?

Un bien public est un bien ou un service qui possède deux caractéristiques :
  • Non-rivalité : tout le monde peut consommer ce bien simultanément,
  • Non-exclusion : il est impossible de faire payer l'utilisation de ce bien
L'air qui nous entoure est un bien public : vous pouvez respirer même si quelqu'un d'autre le fait en même temps que vous (non-rivalité) et on n'a pas encore trouvé de système permettant de vous facturer cette respiration (non-exclusion).
On parle de bien public impur lorsque le critère de non-rivalité n'est pas entièrement rempli. L'eau d'une rivière par exemple est un bien public impur : on ne peut en général pas vous faire payer la baignade mais celle-ci peut être rendue impossible par d'autres usages (barrage hydroélectrique, rejets d'usine...).

De plus la valeur de l'environnement peut venir aussi bien de nos besoins présents que d'une utilité potentielle dans le futur. C'est souvent le cas de la biodiversité : lorsqu'une espèce de plante s'éteint, ce sont des molécules et des gènes dont nous aurions peut-être pu trouver un jour un usage qui disparaissent.

Enfin nous donnons aussi une valeur a l'environnement même lorsqu'il ne nous rend aucun service. Nous tenons, par exemple, à voir préservés des paysages ou à des espèces animales qui ne nous sont pas indispensables et que nous ne verrons peut-être jamais autrement qu'en photo.


Une tentative de classification


La valeur que nous accordons à l'environnement peut se classer en deux grandes catégories :
  • La valeur d'usage est la valeur associée à une utilisation, au sein de celle-ci on peut encore distinguer 3 catégories :
    • La valeur d'usage direct correspond à la valeur des biens prélevés ou des services rendus directement par l'élément considéré (valeur que nous accordons à l'air que nous respirons, au bois de construction, à un parc que nous fréquentons...),
    • La valeur d'usage indirect concerne la valeur qui peut être crée grâce à l'utilisation indirecte de l'environnement (valeur que l'on donne à un paysage qui génère du tourisme, au Gulf Stream qui permet à la Bretagne de produire des choux-fleurs en mars...),
    • La valeur d'option est la valeur attribué à un usage potentiel futur (valeur que nous accordons à la conservation de graines de plantes que nous n'utilisons pas ou plus).
  • La valeur de non-usage est la valeur que nous attachons à l'existence d'un bien même lorsque nous ne prévoyons pas de l'utiliser ou de le voir, elle se divise en 2 catégories :
    • La valeur d'existence est valeur que nous attachons à un bien du seul fait de son existence (valeur que nous accordons par exemple au Sahara)
    • La valeur de legs ou valeur d'héritage : valeur qui découle du désir de transmettre un bien à nos enfants (valeur que nous accordons par exemple à la conservation de paysage ou d'espèce animale que nos descendants pourrons admirer)
Finalement, la valeur d'un même bien peut trouver son origine dans plusieurs catégories. Par exemple la conservation du panda s'explique par la valeur d'existence et la valeur de legs que nous accordons à cette espèce mais elle a aussi une forte valeur d'usage indirect (visiteurs des zoo et des centres de reproduction en Chine).

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3 commentaires :

  1. Actuellement en train de préparer un partiel en économie, je suis tombée sur cet article et l'ai trouvé très clair ! Merci !

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  2. l'air n'est pas un bien public c'est un bien libre

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