L'évaluation physique des impacts, une alternative à l'évaluation monétaire de l'environnement ?

Nous avons vu qu'il n'existe pas de méthode reconnue permettant l'évaluation monétaire d'un actif environnemental ou d'une atteinte à l'environnement, sans compter que cette démarche pose de nombreux problèmes, aussi bien comptables et qu'éthiques. Pourquoi alors ne pas renoncer à l'évaluation monétaire et se contenter de grandeurs physiques ?
Plutôt que d'essayer de donner un coût environnemental à un processus industriel, par exemple, on peut évaluer directement ses émissions de gaz à effet de serre, le tonnage de polluants crée, sa consommation d'énergie et de matières premières...
On obtient ainsi une vision des impacts sur l'environnement beaucoup moins réductrice qu'une simple somme d'argent.

Une méthode moins réductrice mais aux résultats difficiles à interpréter...


Cette méthode si elle est plus rigoureuse a tout de même deux inconvénients majeurs qui en rendent l'utilisation difficile.
D'abord l'évaluation physique est difficile à interpréter. Savez-vous par exemple ce que représentent 8.5 tonnes équivalent CO2 ? Est-ce beaucoup ? est-ce peu ?
Il est bien plus difficile de saisir la signification de ce type de grandeur que celle d'une somme d'argent. D'autant que les unités utilisées peuvent varier et conduire à des interprétations trompeuses. Lorsque qu'on parle de gaz à effet de serre, par exemple, on voit régulièrement se mélanger les tonnes de CO2 et les tonnes de carbone alors que la première vaut 4 fois moins que la seconde. (Oh, et à propos : 8.5TeqCO2, ce sont les émissions annuelles d'un français moyen)

De plus, mettre côte à côte des grandeurs physiques différentes est dans la plupart des cas inutile. Toute activité humaine a un impact sur l'environnement, l'évaluation physique donne donc toujours l'impression de devoir choisir entre la peste et le choléra. Conséquence logique : elle favorise l'immobilisme.
Si on cherche par exemple à choisir entre l'électricité produite par une centrale à charbon et celle d'une centrale nucléaire, il sera facile de déterminer que la première émet plus de gaz à effet de serre alors que la seconde produit des déchets dangereux et une probabilité d'accident grave. On trouvera des raisons légitimes de s’opposer aux deux mais saura-t-on pour autant choisir ?
L'évaluation des impacts physiques plutôt que l'évaluation monétaire aide-t-elle à prendre de bonnes décisions sur l'environnement
Nucléaire ou charbon ? La connaissance des impacts physiques
sur l'environnement aide peu à prendre une décision
Sauf dans quelques cas simples, l'évaluation physique des impacts sur l'environnement ne suffit pas à guider une décision ou une action. Pire : elle risque de ne donner comme résultat qu'une avalanche de chiffres, effaçant la vision d'ensemble au profit de l'anecdote.

...et qui n'écarte pas totalement le risque de la simplification


Pour que l'évaluation physique donne des résultats plus facilement exploitables, la solution la plus simple consiste à réduire le nombre de critères.
C'est la logique des "équivalents" : Plutôt que de prendre un à un les gaz à effet de serre (l'ONU en compte une grosse vingtaine), on met l'ensemble sous forme "d'équivalent carbone". Plutôt que de décrire en détail les sources d'énergies utilisées, on parle de "tonnes équivalent pétrole" (TEP). On peut aussi calculer une "empreinte écologique" correspondant à la surface de terre nécessaire pour produire tous les biens et les services environnementaux consommés par un individus, une entreprise ou une nation.
On obtient ainsi un chiffre facile à communiquer mais qui donne forcément une vision partielle voire biaisée de la réalité. Le rôle central que l'Europe a donné au bilan des émissions de gaz à effet de serre illustre malheureusement ce risque.
De plus on risque de retomber dans les travers de l'évaluation monétaire - simplifications abusives et hypothèses douteuses - sans en avoir les avantages puisque la grandeur physique retenue reste en générale beaucoup moins bien comprise qu'une somme d'argent.

En conclusion, le choix entre l'évaluation monétaire et l'évaluation physique doit être adapté à l'objectif poursuivi mais il est souvent souhaitable de faire cohabiter les deux pour disposer à la fois d'une vision d'ensemble et de quelques indications concrètes.

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